Crise de la démocratie

Jacques Rancière philosophe participait à une émission de France Inter le 18 décembre, il a exposé sa vision pessimiste de l’état de notre démocratie, vision qu'il a développé dans un livre publié il y a quelques années:

(le texte ci-après  est retranscrit d’après l’émission  d’origine)

« …La démocratie c’est le nom des régimes que nous avons en Europe avec des élections, des parlements élus,des présidents, mais la démocratie veut dire aussi pouvoir du peuple.

Pourtant maintenant en Europe (et en Occident) la démocratie se résume à une Internationale des chefs d’états qui se soumet aux injonctions des puissances financières, quitte à les renflouer quand elles sont en faillite.

La démocratie ne peut s’identifier à un régime politique, la démocratie ne peut se résumer à une forme étatique,c’est le pouvoir du peuple qui ne peut se réduire à une forme étatique…

…Les gouvernements de gauche et de droite obéissent aux mêmes exigences aux mêmes analystes écoutent les mêmes experts qui sont liés au système (voir l’actualité pour l’Espagne et la Grèce) il y a une de domination globale de puissances financières incontrôlées qui dictent leurs ordres aux états qui eux-mêmes les répercutent sur leur peuples…

…L’union nationale existe déjà entre toutes les formations politiques candidates naturelles au pouvoir. La démocratie existe quand il y a au mois deux analyses d’une situation.

Nous sommes dans une oligarchie puisqu’il n’y a pas de gouvernement direct du peuple mais un système représentatif majoritaire. Ainsi se crée une oligarchie représentative en étroite relation avec une autre oligarchie financière…

…Nous avons ainsi un déficit de démocratie, nous sommes dans un état d’accaparement de plus en plus important du pouvoir par des infimes minorités.

On perd confiance dans notre capacité à changer les choses ou inventer autre chose, le sentiment d’alternative politique s’est écroulé avec le bloc de l’Est et s’est installé le sentiment qu’il n’y avait qu’une seule manière de gouverner.

…Les mouvements des « indignés » sont les formes d’alternatives politiques qui se mobilisent contre un système entier pour dénoncer la précarisation, la délocalisation, la perte du travail, la suppression de toutes les formes de solidarité sociale…contre le sentiment d’état d’incapacité savamment entretenu…

Il y a du politique dans l’action des indignés car on voit un pouvoir populaire qui s’autonomise par rapport au
système de la représentation organisé du peuple.

L’émancipation de la  démocratie passe par la séparation de la simple idée de la gestion gouvernementale, d’un pouvoir effectif du peuple  indépendant  de toutes les formes d’organisation du peuple par les appareils d’état… »

Vision pessimiste certes mais il ne tient qu’à nous de faire bouger les  partis de la gauche de gouvernement.

Nous souhaitons la victoire de la gauche aux élections du printemps prochain, nous soutiendrons ses candidats.

Ce soutien nous amènera à poser des questions, à demander des comptes… à faire vivre la démocratie!