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Expressions de Gauche à Fontenay
28 novembre 2011

Tribune pour une un programme commun et une candidature unique à gauche

Tribune : Pour une alliance sur un programme commun et une candidature unique à la présidentielle, contre la machine à perdre à gauche
 
Auréolé du succès de sa primaire, le PS s'imagine gagner haut la main la prochaine présidentielle puis gouverner confortablement avec une majorité parlementaire à la fois à l'Assemblée Nationale et au Sénat. Grisé par un François Hollande bien haut dans les sondages, ignorant les expériences passées qui ont montré que d'illustres candidats promis à la victoire parce que tôt partis très haut dans les sondages ont vu leur score s'éroder régulièrement et ont fini par passer à la trappe du 1er tour, le PS entend mener la bataille seul contre tous en surjouant une fermeté définitive sur ses positions, de peur de voir son candidat passer pour un mou non présidentiable. Or, en traitant avec un absurde mépris cette "gauche groupusculaire, écolos, Mélenchon, evènement" comme l'écrit si naturellement l'éditorialiste Jacques Julliard (Marianne n°761), sans laquelle il ne pourra certainement pas gouverner, le PS a beaucoup plus de chances de creuser sa tombe que de construire la stratégie gagnante que la gauche attend. L'affaire du paragraphe sur la filière nucléaire du Mox dans l'accord PS-EELV est un grand pas en avant vers un nouveau "21 avril", un second tour UMP-FN. La clairvoyante proposition du sénateur socialiste Michel Vauzelle d'organiser des primaires à gauche, largement soutenue par une pétition, n'a pas eu l'heur de plaire aux appareils. Pas un candidat à la primaire socialiste pour mettre dans ses propositions sa volonté d'un accord à gauche avant le 1er tour avec à la clé une candidature unique qui maximise les chances de balayer la droite et l'extrême droite.

Le PS est donc persuadé de sortir vainqueur du premier tour seul contre tous. Le PS ne fera pas amende honorable de sa contribution majeure aux dérives néolibérales qui mènent les peuples occidentaux à la catastrophe, tant lorsqu'il était au pouvoir avec Mitterrand que dans l'opposition avec ce vote parlementaire du traité de Lisbonne au mépris des résultats du referendum, qu'à la tête d'institutions internationales (Dominique Strauss-Kahn au FMI, Pascal Lamy à l'OMC). Et le PS va faire du vote utile à gauche un leitmotiv majeur de sa campagne. Tout cela ne fait que renforcer désespérement les clivages à gauche.
 
Les socialistes s'imaginent que les sondages d'aujourd'hui reflètent les scores du premier tour de la future présidentielle. Ils n'ont pas compris que l'excellent score de Montebourg à la primaire préfigure un très bon résultat du "groupuscule Mélenchon", ils veulent parier que le gros capital de sympathie dont a bénéficié le "groupuscule écolos" dans les dernières élections s'est évaporé et qu'ils vont mettre au pas ces verts sans le sou, ils veulent croire que le "goupuscule Chevènement" va passer par pertes et profits le traité de Lisbonne voté par le PS et que le Ché est fait de la même étoffe que Borloo et retirera sa candidature, ils se persuadent que le "groupuscule Bayrou" va rester inexistant malgré la solidité du discours politique de son leader, et ils sont convaincus que le "groupuscule FN" ne passera pas la barre du premier tour et n'appellera pas au second à voter Sarkozy. Et quand les socialistes auront la gueule de bois au lendemain du 1er tour, au moment d'appeler à voter pour le candidat UMP afin de faire barrage au FN, ils ne se sentiront aucunement responsables car ils connaissent déjà les coupables de leur future déconvenue: "la gauche groupusculaire".

Or si on peut excuser Jospin et le PS de s'être bêtement laissé surprendre une première fois, on n'excusera pas le PS une seconde fois. Continuer à penser que la gauche qui ne relève pas du PS est trop "groupusculaire" pour mériter qu'on négocie, certes difficilement, avec elle une candidature unique dès le premier tour est aujourd'hui une prise de risque incensée. La machine à perdre est en route, bien conduite par le PS, qui peut certes compter sur les leaders des "groupuscules de gauche" pour l'aider à tenir la barre, et sur la droite pour entretenir la division et entretenir les braises.
 
Le PS, les leaders de "la gauche groupusculaire" et les têtes pensantes de gauche ont relancé la machine à perdre à gauche, alors que la seule attitude responsable pour lancer la machine à écraser droite et extrême droite aux présidentielles et ramener les électeurs aux urnes et un minimum de confiance nationale nécessaire à une ligne politique durable, c'est un programme commun républicain de consensus porté par un candidat unique à la présidentielle, prêt à partager son temps de parole de campagne avec ses alliés. La priorité à gauche n'est pas de convaincre de ses gros bras et de taper sur ses futurs alliés potentiels, ce qui maximise les chances de nous laisser à choisir entre Sarkozy et Le Pen au second tour, elle est de travailler dur aux compromis nécessairement difficiles mais indispensables pour le rassemblement sur un programme commun qui transforme ces concurrents d'aujourd'hui en alliés probablement imbattables. C'est à ce prix que François Hollande ou le sortant d'une primaire de gauche, sera soutenu et co-élu par le PS et "la gauche groupusculaire", et pourra tenir une ligne politique crédible à long terme avec le soutien d'une majorité effective de la population.

La probabilité qu'Hollande soit éliminé au premier tour est suffisamment forte pour qu'il soit totalement irresponsable de prendre le risque que ce que la gauche, PS en tête, aura seulement réussi à faire à l'occasion de cette présidentielle si elle persiste dans sa stratégie, c'est d'avoir fait élire un président qu'au moins les 2/3 de la population ne veulent en aucun cas voir, ou revoir, au pouvoir. Et de mettre ainsi encore plus en danger notre démocratie en nous précipitant vers des taux d'absention insoutenables aux futures élections, et en faisant grossir le camp des indignés qui récusent avec toujours plus de raisons la volonté et la capacité de nos représentants politiques à remettre en place une société républicaine juste et équilibrée.
Et quand bien même François Hollande, grâce à ses bons mots que les medias auront davantage mis en avant que son programme, passerait-il la barre du premier tour pour être finalement élu à 55% d'une grosse moitié des français, l'autre s'étant abstenue, comment croire qu'un président socialiste élu par un français sur 3 est ce dont rêve le peuple de gauche aujourd'hui, ce dont le pays a besoin pour les années difficiles qui s'annoncent, et qu'il sera en mesure de peser pour ne pas poursuivre le déclin accéléré auquel l'Europe et l'occident sont promis ? L'étât de grâce post-élection de François Hollande et de sa majorité parlementaire ne résisteront pas longtemps à ce manque d'assise au sein de la population : il y a fort à parier que les records d'impopularité de Sarkozy seront vite battus, et que ce gouvernement socialiste finira aussi impuissant que ceux qui étaient encore récemment au pouvoir en Grèce et au Portugal.
 
Il n'y a pas d'autre solution crédible à moyen terme pour la gauche qu'une alliance pour un programme commun et une candidature unique négociées avant le premier tour de la Présidentielle.
 
François Dulac
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